La prévalence du financement vert en Asie a considérablement augmenté au fil des ans, suite à la promesse de la région de s’engager vers des objectifs nets de zéro émission de Co2 depuis l’Accord de Paris en 2015. l’Initiative la Ceinture et la Route sera un instrument incontournable.
Lors du récent sommet de la COP26, les pays ont conclu un accord visant à prévenir l’aggravation et l’irréversibilité des impacts du changement climatique. Selon la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie et le Pacifique (Unescap), la région Asie-Pacifique a besoin d’environ 1 500 milliards de dollars par an pour réaliser le programme des Nations unies pour les objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.
Une grande partie de cette somme doit être constituée d’investissements verts. Dans la région, une part importante du financement vert de l’Asie est le fait de la Chine et du Japon. Les émissions d’obligations vertes chinoises ont totalisé 25,06 milliards de dollars au troisième trimestre 2021, et 63,16 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de cette année, selon Climate Bonds Initiative.
L’engagement de la Chine à se mettre au vert encourage d’autres pays d’Asie à suivre son exemple. Comme l’a annoncé le président Xi Jinping, la Chine prévoit d’accélérer la réduction des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.
Depuis l’annonce de ce plan, les activités de financement vert de la Chine se sont rapidement développées, les institutions financières ayant un besoin pressant d’opérer une transition vers la banque verte le plus rapidement possible.
L’initiative la Ceinture et la Route (BRI) est une initiative dirigée par la Chine qui vise à favoriser le développement économique et la connectivité interrégionale entre les continents asiatique, européen et africain.

La BRI est associée à de gros investissements, notamment dans le développement d’infrastructures pour les transports, les centrales électriques et les réseaux de télécommunications. Néanmoins, ce développement à grande échelle comporte des risques environnementaux qui pourraient venir contrebalancer les ODD pour 2030.
Si les exigences environnementales ne sont pas intégrées dans les plans de projet, de nombreux pays pourraient ne pas être en mesure d’atteindre leurs objectifs dans le cadre des ODD. La BRI met l’accent sur l’écologisation pour remédier à ce problème, ce qui ouvre la voie à d’autres pays pour participer à un développement vert et durable à long terme.
La Coalition internationale pour le développement vert de la BRI (BRIGC), créée en avril 2019, s’inscrit dans le droit fil des ODD. Bien que n’en étant qu’à ses débuts, l’objectif est de mobiliser des capitaux pour financer des projets verts par le biais d’une coopération internationale multilatérale et bilatérale.

Avec d’autres pays de l’Asean, la Malaisie signale également l’urgence de s’attaquer à l’impact du réchauffement climatique. Pour tenir son engagement d’atténuer les effets du changement climatique, le Premier ministre Datuk Seri Ismail Sabri Yaakob a annoncé que la Malaisie entendait réduire l’intensité des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 45 % dans l’ensemble de l’économie d’ici 2030.
Le financement vert gagne également du terrain. Selon le 12e plan malaisien, le système financier donnera un élan à la transformation en une économie à faible émission de carbone.
Dans le but de renforcer sa position de place financière islamique de premier plan, l’introduction de l’obligation Sukuk verte est considérée comme une étape vers la démonstration de l’intérêt pour le financement vert. La Banque centrale de Malaisie a publié des orientations sur le changement climatique et son impact sur les entreprises, qui visent à donner au secteur financier les moyens de stimuler le financement vert, afin de répondre à la nécessité d’un écosystème favorable et cohérent.
Selon le baromètre Climate Risk Disclosure (CRD) d’Ernst & Young, 60 % des 100 entreprises publiques cotées en bourse interrogées en Malaisie ont fait part de leur engagement à lutter contre le changement climatique. Petronas a annoncé qu’elle aspire à être neutre en carbone d’ici 2050, ce qui en fait la première compagnie pétrolière d’Asie à se fixer un objectif net zéro.
Les efforts portent notamment sur l’intensification de la divulgation des risques, de la stratégie et de la gestion des risques liés au climat. Grâce à l’investissement et à la collaboration, les coalitions de l’Initiative la Ceinture et la Route donnent l’impulsion nécessaire pour que la Malaisie se donne la main pour accélérer les efforts de financement vert et, à terme, atténuer le changement climatique, protéger la biodiversité et améliorer les moyens de subsistance.
Depuis 2013, la Malaisie est le plus grand bénéficiaire de contrats et d’investissements liés à la Chine parmi les pays d’Asie du Sud-Est, selon le China Global Investment Tracker.
Certains des projets d’infrastructure phares de la BRI sont l’East Coast Rail Link (ECRL), le parc industriel Malaisie-Chine de Kuantan (MCKIP) et Bandar Malaysia. Bien que de nombreux projets soient actuellement au point mort à la suite de la pandémie de Covid-19 et des récents troubles politiques en Malaisie, certains devraient être rétablis après d’intenses renégociations.
Les banques chinoises, telles que la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) et la Nouvelle banque de développement (NBD), qui participent au financement des projets de l’initiative la Ceinture et la Route, intègrent le concept vert dans leurs investissements.
Ces banques contribuent en créant leurs propres lignes directrices environnementales, ainsi qu’en promouvant la coopération en matière de financement du développement et la coordination des parties prenantes.
Étant donné l’accent mis sur la réalisation des ODD, des retombées sont attendues dans les pays participant à l’initiative la ceinture et la route, dont la Malaisie. La Chine doit concrétiser son récit de la Route de la soie verte, promu par le gouvernement, afin de garantir que tous les projets de la BRI soient verts, à faible émission de carbone, circulaires et durables.
En réalité, il existe d’importants déficits de financement des infrastructures vertes parmi les pays de la BRI. Pour résoudre ce problème, la coopération multilatérale entre les banques devrait être encouragée pour développer des instruments financiers verts innovants et des modèles de financement tels que le crédit vert, les obligations vertes et les fonds verts pour les projets de la BRI.
La Malaisie n’en est qu’à ses débuts dans la poursuite d’une révolution verte. Les entreprises de partage de réseaux et de ressources peuvent lui donner l’élan nécessaire pour intensifier ses initiatives en matière de changement climatique.
Pour cela, la Chine doit montrer l’exemple en participant activement aux plans d’action conjoints sur les normes d’infrastructures durables, le renforcement des capacités et les projets de financement vert. L’objectif est de faire en sorte que la BRI apporte un développement vert et durable à long terme à tous les pays concernés.

Dr Sonia Kumari Selvarajan est maître de conférences au département des études de développement de la faculté de commerce et d’économie de l’Université de Malaisie à Kuala Lumpur