Quelques jours avant l’élection présidentielle en Ouganda, qui se déroule le 14 janvier 2021, la Chine a achevé la route de Bumbobi à Lwakhakha en Ouganda et s’apprête à lancer la centrale hydroélectrique de Karuma.

La Chine est un partenaire ancien et fiable de l’Ouganda, confronté, comme d’autres pays africains, à des besoins vitaux en infrastructures et connaissant un déficit énergétique chronique.

L’Ouganda et la Chine ont signé un protocole d’entente sur la coopération dans le cadre de l’Initiative la Ceinture et la Route, à la suite du sommet de Pékin de 2018 du Forum sur la coopération sino-africaine.

Revenons ensemble sur l’implication de la Chine en Ouganda, à travers les grands projets de ces dernières années.

La route Bumbobi – Bubulo – Lwakhakha

La route commence à Bumbobi, une banlieue de la ville de Mbale, la ville la plus peuplée de la région orientale de l’ Ouganda.  La route continue à travers Nabumali et Bubulo pour se terminer à Lwakhakha, une distance totale d’environ 46 kilomètres. La route relie le district de Manafwa à Mbale, la plus grande ville de la sous-région de Bugisu.

Pour ce projet, le gouvernement ougandais a demandé un financement à la Banque africaine de développement (BAD) pour améliorer cette route de gravier et en faire une route de bitume de classe 2 . Comme l’exigent la loi ougandaise et les directives de la BAD, une étude d’évaluation environnementale a été commandée et son rapport publié en 2013. 

Le contrat de construction a été attribué à la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), au prix de 42 millions de $. Le consultant en ingénierie était SGI Joint Venture. L’autorisation de commencer les travaux a été accordée en décembre 2016. Le projet a été financé conjointement par la Banque africaine de développement et le gouvernement ougandais. En juillet 2020, l’achèvement était prévu en septembre 2020. En décembre 2020, la route est achevée.

Des voies de stationnement supplémentaires de 3,5 m de largeur ont été construites dans les zones bâties le long de l’itinéraire. La largeur de la route existante a été élargie à certains endroits, et tous les ponceaux existants ont été prolongés et les murs de tête remplacés.

L’entrepreneur installera également des lampadaires solaires dans les principaux centres commerciaux le long de la route Bumbobi-Lwakhakha.

Le projet dans son ensemble devrait promouvoir l’intégration régionale et le commerce transfrontalier entre l’Ouganda et sa république voisine du Kenya à l’est, où la route Bumbobi-Lwakhakha s’étend jusqu’à la frontière

La centrale hydroélectrique d’Isimba

Un projet chinois sur le nil, vital pour l’Ouganda

Construite par les Chinois, elle a été inaugurée en 2019 par le président ougandais Yoweri Museveni sur le Nil Victoria ou Nil blanc, dans la partie centrale du pays. Lors de l’inauguration, Museveni a remercié le gouvernement chinois pour le financement des projets d’infrastructures dans l’énergie de son pays, qui devraient mettre le pays sur la voie rapide du développement. Des centaines de jeunes Ougandais ont travaillé sur des projets d’infrastructure financés par la Chine dans le cadre de l’initiative “Ceinture et route”. Contrairement aux critiques fréquentes apportées par le camp occidental, comme quoi les projets labellisés route de la soien, n’apporteraient pas d’emploi aux locaux, ici c’est tout le contraire.

Au plus fort de la construction de la centrale hydroélectrique d’Isimba, il y avait plus de 3 000 travailleurs, dont 85 % étaient ougandais

Plusieurs ingénieurs ougandais sont allés en Chine pour y recevoir une formation complémentaire, tandis que ceux qui sont restés ont pu acquérir une expérience pratique. “Ce personnel technique prometteur et qualifié jouera sans aucun doute un rôle important dans le développement futur de l’hydroélectricité dans le pays“, avait déclaré Jiang Shouguo, vice-président de China International Water and Electric Corporation (CWE). Au plus fort de la crise de l’électricité en 2014, le gouvernement ougandais a eu recours à des générateurs diesel pour alimenter l’économie du pays, ce qui a fait augmenter le coût de l’électricité et a ensuite forcé certains fabricants à augmenter le prix de leurs produits et a rendu leurs produits non compétitifs en raison du prix élevé. Les économistes ont averti que l’alimentation électrique inadéquate était un obstacle majeur à l’exploitation du potentiel économique du pays.

Le gouvernement ougandais a alors décidé d’augmenter la production d’hydroélectricité afin d’accroître l’approvisionnement en électricité et de réduire son coût. La construction de la centrale électrique de 568 millions de $ a commencé en 2015, le long du Nil, après que le pays d’Afrique de l’Est ait obtenu un prêt de l’Export-Import Bank of China. Un autre projet clé en matière d’énergie verte financé par la Chine est la centrale hydroélectrique de Karuma, d’une capacité de 600 MW, également construite le long du Nil dans le nord de l’Ouganda.

Les données du gouvernement montrent qu’une fois qu’Isimba et Karuma alimenteront le réseau national, la capacité de production d’électricité passera de 975 MW à 1 758 MW et les tarifs de l’électricité diminueront de 17,45 %. Le président Museveni est optimiste et pense qu’une fois qu’il y aura une électricité adéquate et bon marché, associée à la mise en place de politiques gouvernementales, l’industrialisation massive de l’Ouganda sera lancée. Le pays a déjà créé plus de 20 parcs industriels dans différentes régions du pays. D’autres secteurs pourront en bénéficier dès lors qu’il y aura une électricité abordable, comme les agriculteurs par exemple, qui pourront également commencer à ajouter de la valeur à leurs produits agricoles.

La construction du barrage a donné lieu également à la réalisation de deux ponts, inaugurés début 2021, l’un de 433 m et l’autre de 457,5 m séparés par l’île Koova sur le Nil Victoria.

La Centrale hydroéléctrique de Karuma

Centrale de Karuma, symbole de la coopération Sino-Ougandaise

Les ingénieurs chinois et ougandais mettent la touche finale à la centrale hydroélectrique de Karuma, le projet phare de l’Ouganda qui promeut l’énergie propre et limite son empreinte carbone sur le Nil.

Kenneth Kiyingi, ingénieur civil de la centrale électrique de 600 MW dans le nord du pays, a déclaré à Xinhua dans une récente interview que l’installation incarnait une génération d’énergie propre et promouvait le développement durable. Kiyingi a déclaré que l’adoption d’une approche verte était un élément majeur de la conception à la construction réelle de la centrale électrique de 1,7 milliard de dollars américains.

Le projet a été construit dans une zone écologiquement sensible, le parc national de Murchison Falls, qui possède une faune et une flore riches.

Le parc national Murchison Falls

Une plus grande partie de la centrale a été construite sous terre. Kiyingi a déclaré que les structures en surface ont également été conçues et construites de manière à préserver l’environnement. La production et l’utilisation d’énergies renouvelables sont l’une des solutions du pays pour faire face à l’aggravation des effets du changement climatique tout en développant l’économie. Si le coût initial de la mise en place des énergies renouvelables est élevé, à long terme, le coût pour l’environnement est beaucoup moins élevé.

La production d’électricité en Ouganda a connu une baisse abrupte en 2006 avec la baisse des niveaux d’eau dans le lac Victoria. L’approvisionnement intermittent a poussé le pays à s’appuyer sur l’énergie thermique générée, ce qui a augmenté l’empreinte carbone du pays.

L’Ouganda dépend fortement de la production d’hydroélectricité et son potentiel est d’environ 5300 MW, a déclaré Kitutu, le Ministre de l’Energie. Ajoutant que le pays aurait bientôt une capacité de production totale de 2000 MW une fois que la centrale hydroélectrique de Karuma construite par la Chine sera mise en service.

À moyen et long terme, le gouvernement ougandais développera de grands et petits projets hydroélectriques et poursuivra des centrales nucléaires, solaires et éoliennes.

Outre la construction de Karuma, Sinohydro a également entrepris trois projets de responsabilité sociale d’entreprise, chacun d’un montant de 1,5 million de $. Les projets comprennent la construction de deux centres de santé et d’une école primaire. Ces projets, selon le rapport d’étape de Sinohydro, seront achevés avant la fin mai 2021.


Par Adrien Mugnier, Directeur de l’OFNRS