Le 22 octrobre 2023 se tiendront les élections présidentielles en Argentine, avec un favori, Javier Milei. Que sait-on de ses déclarations sur le futur des relations entre la Chine et Buenos Aires en cas d’élection ?
Javier Milei a déclaré lors d’un événement à Buenos Aires que, s’il était élu en octobre, son gouvernement serait aligné sur les États-Unis et Israël et qu’il n’interférerait pas dans le commerce extérieur du secteur privé. Traduction, le secteur privé sera libre de tisser des liens économiques avec des entreprises chinoises mais que l’Etat argentin réduira presque à néant ses relations avec Pékin.
Une autre déclaration de Javier Milei en Août 2023 ne rassure pas sur ses futures échanges avec Xi Jinping. En effet, il a déclaré, “Les gens ne sont pas libres en Chine, ils se font tuer si ils s’opposent“…”Echangeriez vous avec un assassin ?“. Ce n’est pas le premier (potentiel) président qui insulte la Chine, Cristina Fernández Kirchner, péroniste pourtant, avait moqué l’accent chinois en 2015.
L’Argentine rejoindra les BRICS au 1er Janvier 2024 mais Javier Milei reviendra t-il sur cette adhésion ? Car on y regardant de plus près, il n’existe pas beaucoup d’alliés potentiels à Buenos Aires version Milei parmi les membres actuels.
Les propos de campagne élèctorale et la réalité économique
Sur le plan économique, la Chine occupe un rôle important, étant le deuxième acheteur des exportations argentines. L’Argentine, tout comme le Brésil, a commencé à utiliser le yuan pour rembourser une partie des sommes qu’elle doit au Fonds monétaire international, la Banque populaire de Chine ayant fourni 18 milliards de dollars pour soutenir le peso argentin.
Au fil des ans, Pékin s’est détourné des marchés locaux traditionnels et a étendu sa présence en Argentine en finançant massivement les besoins en infrastructures de ce pays. L’Argentine a reçu des fonds chinois pour un total de 11 projets allant des chemins de fer et des barrages à l’énergie solaire et aux centrales nucléaires.
La Chine finance le projet hydroélectrique de Santa Cruz, un projet de barrage de 4,7 milliards de dollars qui est actuellement dans les limbes, mais qui devrait employer plus de 2 500 personnes une fois lancé. Elle finance également l’un des plus grands projets de ferme solaire d’Amérique du Sud, Cauchari, et lui fournit une assistance technique. Cela renforce la position de la Chine dans la course au leadership mondial en matière de technologies énergétiques propres.

L’Argentine fait partie du “triangle du lithium” et devient extrêmement importante pour la Chine afin de répondre à ses besoins nationaux. Récemment, la société minière chinoise Zijin Mining Group Co Ltd a annoncé qu’elle investirait 380 millions de dollars dans la construction d’une usine de carbonate de lithium en Argentine. Selon Benchmark Mineral Intelligence, avec l’augmentation des ventes de véhicules électriques en Chine, la demande des fabricants de batteries pour véhicules électriques a été multipliée, poussant le prix du carbonate de lithium en Chine. Cette augmentation soudaine de la demande a suscité l’intérêt de Pékin pour les réserves de lithium de l’Argentine. La Chine diversifie également ses investissements dans d’autres minéraux tels que l’or et le cuivre, et peut-être même l’argent et l’uranium à l’avenir.
D’autres secteurs comme les télécommunications, l’agriculture ou encore l’industrie de la Défense seront à suivre en cas d’arrivée au pouvoir de Javier Milei. Les coopérations initiées sous les gouvernements péronistes pourraient être stoppées ou réévaluées très rapidement.

Par Adrien MUGNIER, Directeur de l’OFNRS