En décembre 2022, la Chine et le Bénin ont célébré 50 ans de relations bilatérales. Les relations entre ces deux pays remontent aux années 1972, date de reprises officielles de celles-ci. En effet, les relations diplomatiques entre la Chine et le Bénin ont été établies en 1964, puis rompues, avant qu’elles n’empruntent à nouveau la voie de l’amitié. Il faut revenir à l’époque où le Bénin était un régime marxiste-léniniste gouverné par le Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB) du général Mathieu Kérékou pour entrevoir le début de cette relation sino-béninoise. À cette période déjà, la Chine était l’un des plus importants partenaires du pays aux côtés de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Dans les années 1970, le Bénin a établi des relations diplomatiques avec la Chine, peu après la reconnaissance de la République populaire de Chine par les Nations unies. En témoigne la première visite officielle en Chine d’un président béninois, en la personne de Mathieu Kérékou (1972-1990), invité le 15 juillet 1977 par le président chinois Deng Xiaoping.

Président Mathieu KÉRÉKOU accueilli à l’aéroport par le Premier ministre chinois Hua Guofeng ainsi que des milliers de personnes, à leur arrivée à Pékin par un vol spécial.

Dès les années 1980, ces relations ont été renforcées par l’envoi de boursiers béninois en Chine pour étudier dans divers domaines, notamment la médecine, l’ingénierie, l’agriculture et les sciences sociales. Également, la Chine participe déjà à cette époque au développement du Bénin à travers la construction d’infrastructures notamment celle du plus grand stade du Bénin, le Stade de l’Amitié inauguré en 1982 d’un coût total de 10 millions de dollars. De plus, cette relation se concrétise symboliquement en 1988, avec la fondation du Centre Culturel Chinois, le premier en Afrique de l’Ouest et Centrale. L’intérêt chinois d’ordre politique s’associe ainsi à une diplomatie culturelle portée par la volonté d’accompagner le pays sur la voie du communisme, et d’encourager les échanges culturels entre ces deux pays. Selon les diplomates chinois, ce centre est l’occasion de stimuler la recherche de partenariat sino-béninois entre structures publiques ou privées autour de la culture, de la science, des arts et de l’éducation.

La Conférence nationale souveraine de février 1990 marque la création d’une nouvelle constitution en faveur du multipartisme, entraînant de fait, une période de stagnation dans les rapports entre ces deux pays. La Chine a su néanmoins s’adapter à cette nouvelle donne politique en se préoccupant davantage de ses intérêts au profit de la politique béninoise.

Au début des années 2000, la coopération sino-béninoise s’est renforcée et affirmée au travers de nombreux accords de coopération économique et technique. Depuis lors, la Chine est devenue un important partenaire économique du Bénin, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie, des infrastructures et dans le développement du pays en général. Cette relation avec la Chine à grandement facilité la rencontre entre le marché béninois et les produits chinois notamment le textile ainsi que les produits manufacturés. Ainsi, elle intensifie sa coopération tous azimuts et on remarque déjà une présence importante de chinois au Bénin ainsi que d’importantes entrées d’investissements dans les infrastructures béninoises. De ceux-ci, naît le premier échangeur routier de Cotonou, considéré comme l’un des plus grands d’Afrique de l’Ouest. L’échangeur de Godomey dont les travaux ont été lancés officiellement en 2008 par le président béninois Boni Yayi et l’Institut de Planification et d’Études routières de Chine, est la première infrastructure d’une telle envergure au Bénin. L’objectif de ce projet, dont le coût global des travaux a été estimé à environ 12 milliards de francs CFA, était de résoudre les problèmes d’engorgement des voies. Son importance est d’autant plus stratégique puisque cet échangeur se situe à l’intersection de deux axes routiers majeurs : le corridor Abidjan-Lagos et le corridor Cotonou-Bamako.

L`échangeur de Godomey au Bénin

Les réalisations chinoises (portées par le gouvernement ou les entreprises) au Bénin sont nombreuses. Le Stade de l’Amitié, le Palais des congrès, la numérisation du réseau téléphonique, l’aménagement du barrage hydroélectrique d’Adjarra, la route de Savè à Parakou entre autres, sont des exemples de projets de développement dans lesquels la Chine a participé dès les débuts de la reprise des relations sino-béninoises. De 1972 aux années 2010, on peut compter plus de 100 milliards de francs CFA d’aide gouvernementale dont a pu bénéficier le Bénin de la part de la Chine.

En outre, en 2009, la création de l’Institut Confucius au sein de l’Université d’Abomey Calavi vient sceller davantage ce partenariat. Ce centre installé au sein du campus de l’Université d’Abomey–Calavi, connaît un franc succès puisque de nombreux étudiants béninois s’y inscrivent afin d’apprendre le mandarin et de se familiariser à la culture. De plus, les étudiants de cet institut font partie des plus recherchés d’Afrique par les entreprises chinoises installées sur le continent, pour leurs connaissances de la langue. Ils représentent un atout considérable pour le tourisme béninois et pour les entreprises chinoises désireuses de faire des affaires en Afrique. Il faut donc noter que l’accroissement important d’étudiants venant prendre part aux activités de l’Institut est étroitement lié à l’augmentation du nombre d’entreprises chinoises sur le territoire, et même à l’étranger. Les possibilités semblent donc infinies pour ces étudiants.

La place des entreprises chinoises au Bénin

Dans un contexte où les entreprises privées chinoises représentent 70% des investissements en Afrique, elles jouent un rôle important dans la coopération sino-béninoise. En effet, la Chine investit massivement dans des projets d’infrastructures au Bénin, très souvent réalisés par des entreprises chinoises. En témoigne la modernisation du Port Autonome de Cotonou (PAC) assurée par la société chinoise China Harbour Engineering Co (CHEC) depuis 2021. Il s’agit d’un projet phare du Programme d’action du gouvernement béninois. Il comprend la construction d’un nouveau terminal vraquier qui s’étendra sur 20 ha et facilitera l’accès à la mer. Notons que le PAC est le seul port du Bénin et le poumon économique du pays. Il concentre plus de 90% des échanges, 60% du PIB et participe à 80% à la mobilisation des recettes douanières ainsi que 45% des recettes fiscales béninoises.

Le Port Autonome de Cotonou

Selon l’ambassade de Chine du Bénin, le territoire abrite près d’une quarantaine d’entreprises chinoises qui emploient près de 5 000 employés béninois. Il est possible donc de retrouver des entreprises chinoises intégrées dans le marché béninois. La société spécialisée dans les travaux publics, de bâtiment et d’hydro-électricité Jiangxi Water and Hydropower Construction (JWHC) fait aujourd’hui partie du paysage béninois et emploie un grand nombre d’employés béninois notamment parmi ceux qui maîtrisent la langue chinoise afin de faciliter les échanges.

Les entreprises chinoises telles que Huawei Technologies participent également à former une jeunesse béninoise dans le secteur des technologies, de l’informatique et de la communication (TIC). En effet, la société est présente partout en Afrique et multiplie les projets pour améliorer et propulser la participation à la communauté numérique. Dans le cadre du partenariat sino-béninois, la société s’est engagée à aider les meilleurs étudiants dans le domaine des TIC en octroyant des bourses d’études et de formation vers la Chine.

L’ambassadeur de Chine au Bénin Peng Jingtao et le représentant d’une université locale assistent à la cérémonie de lancement de « Huawei ICT Academy ». Programme ayant pour initiative de former des jeunes de cinq universités partenaires aux métiers de l’informatique

Par ailleurs, les entrepreneurs africains tirent également de nombreux avantages de la coopération économique avec la Chine, notamment en matière de transfert de technologie et de création d’emplois. Ainsi, les étudiants en apprentissage de la langue chinoise sont très prisés par ces entreprises.

Où en sont les relations commerciales ?

Si la Chine s’est intéressée très tôt au Bénin, c’est notamment dans le cadre d’une relation de coopération Sud-Sud. Une relation « gagnant-gagnant » comme elle l’a décrit. Il est important de noter que le Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest qui possède un potentiel économique important, notamment dans les domaines de l’agriculture, des ressources naturelles, du commerce et de l’industrie. Le domaine agricole est le premier secteur économique du Bénin et contribue pour 75% des exportations du pays. Le Bénin est un important producteur de noix de cajou et, il s’agit même du deuxième produit le plus exporté par le pays après le coton. Dans ce contexte, ce pays d’Afrique de l’Ouest, est un partenaire stratégique pour la Chine car elle peut importer ses matières premières à des tarifs préférentiels dans le cadre de cette collaboration. Le Bénin représente également pour la Chine, un marché d’écoulement de ses produits et une opportunité d’agrandir son influence sur l’échiquier international. En effet, la Chine à su rendre ses produits attractifs au marché béninois en proposant des prix compétitifs et en facilitant les procédures d’obtention de visas pour les commerçants dans un contexte où l’Europe représentait un marché plus difficile d’accès et moins avantageux. D’un autre côté, il faut également noter que la Chine, a permis au secteur privé béninois de se développer ce qui a facilité les activités commerciales. Le modèle de coopération chinois repose ainsi sur un accompagnement technique et financier qui s’est avéré fructueux sur le continent et au Bénin.

CCDEBC dans le quartier Ganhi, Cotonou

Un des exemples le plus symbolique de ces relations commerciales entre la Chine et le Bénin peut se voir en la construction du Centre chinois de développement économique et commercial du Bénin (CCDECB) en 2008 au sein du quartier d’affaires de Cotonou dans lequel se trouve un bon nombre d’institutions administratives ainsi que le port de Cotonou. Il s’agit d’un projet financé conjointement par le gouvernement chinois et la Société Teams International de Chine pour un montant global d’environ 6,3 millions de dollars. La participation du Bénin représente l’octroi d’une parcelle d’une superficie de 9 700 m2 qui s’accompagne d’un bail de cinquante ans, qui à son échéance sera transféré au Gouvernement. Ce centre avait déjà, et continue aujourd’hui, d’avoir pour ambition de promouvoir les investissements au Bénin par les sociétés chinoises et vice-versa. Il encourage également et se fait le canal des appels d’offres internationaux lancés par le Bénin, tout en promouvant les activités d’import-export, de transit et de vente.

Cérémonie solennelle de la mise de la pierre du CCDECB en janvier 2007. Le ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine M. Li Zhaoxin, l’Ambassadeur de la République populaire de Chine auprès la République du Bénin Mm Li Beifen, la ministre des Affaires étrangères Mariam Aladji Boni SYLLA – DIALLO

Cette coopération commerciale passe aussi largement par des financements de projets importants dans des secteurs économiques béninois clés. La Chine, à travers ses banques, finance depuis des décennies des projets de développement en Afrique. En mars 2023, la visite du ministre de l’Économie et des Finances béninois, Romuald Wadagni en Chine s’est conclu par la signature d’un accord de financement entre le pays et la China Africa Development Fund. Ce nouvel accord signé permettra au Bénin d’investir dans les secteurs principaux de la relation sino-béninoise tels que l’agriculture, l’énergie, les infrastructures, le tourisme et l’économie numérique.

Le Bénin dans les Nouvelles Routes de la Soie

Le Bénin adhère officiellement à l’Initiative chinoise de la ceinture et de la route en 2019 à travers la signature d’un mémorandum d’entente de coopération qui s’est suivie d’un accord d’assistance financière d’environ 14 millions de dollars. Pour le Bénin, cette initiative représente une opportunité de partage d’expérience qui vient approfondir la relation sino-béninoise. Cela se traduit notamment dans le secteur de l’agriculture, de l’éducation, du numérique, de la santé, du développement économique et des infrastructures. Ce dernier est l’un des secteurs les plus explorés dans cette coopération bilatérale et compte de nombreuses réalisations et s’est davantage développé dans le cadre de la BRI. La réhabilitation du stade de l’Amitié renommé général Mathieu Kérékou, la construction de bâtiments administratifs notamment celui du Ministère des Affaires étrangères et de la coopération, la construction de l’hôpital d’instruction des armées de Parakou, la construction du lycée technique d’amitié sino-béninoise d’Akassato, la construction de la route cotonnière bien d’autres sont des exemples de ces réalisations qui traduisent de la qualité des relations entre la Chine et le Bénin.

Le Bénin a également confié à la Chine le projet de construction du nouvel aéroport international de Glo-Djigbé au travers de la holding publique chinoise Aviation Industry Corporation of China (AVIC). En outre, en matière de projets routiers, la Chine a largement investi dans ce secteur. Par exemple, le groupe chinois Sinohydro a obtenu en Juin 2021, le marché d’aménagement et de bitumage de la route entre la ville commerciale de Djougou et la ville cotonnière de Banikoara. Ce contrat s’inscrit dans le cadre de la construction de la route Djougou-Pehunco-Kérou-Banikoara, épine dorsale des routes cotonnières dans les départements du centre, de l’ouest et du nord du Bénin. Le projet est cofinancé par la BAD, Africa Growing Together (AGTF) – le fonds créé par la BAD et la Banque populaire de Chine, le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures (EU-AITF), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et le gouvernement béninois à hauteur de 195,32 millions d’euros.

Dans le domaine de l’agriculture en 2019, la coopération entre les deux pays a permis la formation de 189 techniciens agricoles et cultivateurs béninois aux techniques chinoises d’élevage et à la technologie de culture du maïs. Par ailleurs, cette coopération dense et diversifiée s’est également manifestée par le don chinois de 4,084 tonnes de riz pour un montant de 4 millions de dollars (30 millions de yuans) d’aide alimentaire dans le cadre du programme d’alimentation scolaire intégrée du gouvernement béninois.

La Chine est consciente et reconnaît les atouts stratégiques que représente le Bénin. En raison de sa position géographique, le Bénin permet d’être un point d’entrée pour les échanges commerciaux avec les pays voisins, mais aussi un point de transit important. Ainsi, la Chine à travers Petrochina, l’entreprise coté en bourses de la China National Petroleum Corporation, a investi dans un projet de construction d’un oléoduc qui relie le Bénin au Niger. Il s’agit du plus grand projet d’investissement direct étranger depuis l’indépendance du Bénin dont les travaux ont débuté en mai 2021. Le financement s’élève à 600 milliards de francs pour le Bénin (environ 1,3 milliards de dollars américains). Il permettra l’acheminement du pétrole brut nigérien vers l’international en passant par cinq départements du Bénin d’ici l’été 2023. Ce projet comporte plusieurs volets notamment dans le secteur du social, de l’éducation et relance véritablement la coopération entre ces deux pays.

Travaux de construction de la pipeline Bénin – Niger

Les échanges commerciaux entre la Chine et le Bénin ont connu une croissance significative ces dernières années. La Chine est l’un des principaux partenaires commerciaux du Bénin en Asie. En 2020, le Bénin a exporté pour environ 517 millions de dollars de produits vers la Chine. En 2021, le Bénin exporte une quantité importante de cotons et autres matières premières sur le continent chinois. La BCEAO indique que ces exportations concernent 79,9% de coton, 11,3% de fer, de fonte et d’acier, 4,5% de bois. Toujours d’après la BCEAO, le Bénin importe en 2021 à hauteur de 11,9% de produits en provenance de la Chine. Parallèlement, les principaux produits importés par le Bénin depuis la Chine sont les textiles, les machines, les équipements électroniques, les produits chimiques et les produits manufacturés.

Selon les officiels béninois, grâce à la Chine, la zone économique et industrielle de Glo-Djigbé, apportera davantage de valeur ajoutée à l’exportation des noix de cajou et du coton vers le marché chinois.

Dans le secteur de l’éducation, l’idée est de faire des universités des lieux de développement économique. Cela passe par le financement de filières telles que la sécurité informatique, l’agrobusiness, la politique agricole, ainsi que les bâtiments et travaux publics entre autres. Ainsi, les meilleurs étudiants dans ces domaines reçoivent des récompenses du gouvernement ou d’entreprises chinoises. En novembre 2022, un montant de 28 millions de francs CFA a été offert par l’ambassade de Chine et l’entreprise WAPCO-Bénin aux étudiants les plus méritants dans les filières spécifiques et prioritaires du gouvernement béninois au cours de la quatrième édition de l’initiative de la Ceinture et de la route de la soie. En outre, la Chine octroie chaque année des bourses d’études en faveur d’étudiants béninois vers la Chine. Ces bourses sont destinées à couvrir les frais de scolarité, l’hébergement, les livres et les dépenses personnelles. En retour, le Bénin accueille des étudiants et des professeurs chinois dans le domaine de l’enseignement et de la recherche. En plus de la coopération universitaire, la Chine et le Bénin ont également collaboré dans la construction et la rénovation d’établissements d’enseignement. La Chine a financé et construit plusieurs écoles primaires et secondaires au Bénin, ainsi que des centres de formation professionnelle. Enfin, elle a également aidé le Bénin à améliorer la qualité de son enseignement en fournissant des équipements et des matériels didactiques mais aussi des formations dans des domaines tels que les technologies de l’information et de la communication, la science et la technologie, l’agriculture et la santé.

Précisément, dans le domaine de la santé, l’année 2019 marque l’ouverture officielle du centre de télémédecine sino-béninoise au sein Centre départemental du Mono-Couffo de Lokossa, ainsi que le séjour de la 23ème mission médicale chinoise dans trois villes béninoises (Cotonou, Lokossa et Natitingou). En outre, la Chine a été l’un des premiers pays à venir en aide au Bénin durant la pandémie de Covid-19. En effet, à travers le gouvernement central et les autorités locales de Chine, ainsi que des entreprises à capitaux chinois et la communauté chinoise installées sur place, le Bénin a pu s’équiper en matériel sanitaire. En mars 2021, le Bénin a reçu 203.000 doses de vaccins dont 100.000 offertes par la Chine.

Un des volets importants de l’initiative de la Ceinture et de la route est bien évidemment celui de la connectivité numérique qui s’inscrit dans le secteur des technologies, de l’information et de la communication (TIC). De son côté, le Bénin à entamer dès 2018 un projet de développement des infrastructures des télécommunications et des TIC qui lui a permis de déployer 2000 km de fibre optique. A la croisée de ces volontés et projets, le Bénin a reçu en 2021, un prêt concessionnel de 40,2 millions de dollars dans le but de densifier le réseau télécom béninois. Grâce à ce prêt, le Bénin entend mettre en place d’une part, un réseau dorsal de 484,1 km en fibre optique qui couvrirait des localités du Mono, du Zou, des Collines et du nord, régions qui sont bien souvent affectées par des problèmes d’efficacité du réseau de communication. D’autre part, un réseau métropolitain sera mis en place dans plus de dix villes béninoises, l’objectif étant de permettre l’accessibilité numérique sur tout le territoire béninois, ce qui représenterait un atout considérable pour la croissance économique du pays.

Cette coopération autour de la BRI, permet au Bénin de bénéficier de l’expertise chinoise en matière d’infrastructures, de transport et d’énergie, ce qui est en ligne avec le programme d’action gouvernemental du Bénin visant à moderniser les infrastructures, améliorer l’accès à l’énergie et à l’eau et renforcer les services de santé. Les projets de la BRI fusionnent ainsi avec le Programme d’Action Gouvernemental (PAG) du gouvernement Talon. De façon concrète, en 2021, la société China Harbour Engineering Company Limited (CHEC), entreprise spécialisée dans les grands travaux d’infrastructures portuaires, maritimes et lagunaires a été sélectionnée afin de réaliser des travaux de dragage qui ont pour objectif de restaurer les écosystèmes lagunaires au Bénin. Il s’agit de pas moins de 208 hectares de superficie réhabilitée, de 13 kilomètres de la Route des pêches aménagée et de deux passerelles construites pour un coût total d’environ 21 milliards de francs CFA financé par le gouvernement béninois.

En outre, la coopération en matière de sécurité est également un pan intéressant de cette relation entre les deux pays. Face aux menaces terroristes qui touchent les pays voisins, le Bénin met un point d’honneur à lutter contre le banditisme frontalier et l’expansion terroriste. Pour l’accompagner dans cette optique, la Chine à équiper les forces armées béninoises de drones de reconnaissance et de combat en mars 2023. Il faut rappeler que déjà en 2018, la Chine a fait part de son soutien au gouvernement béninois dans la lutte contre les groupes armés et la défense de son territoire. Le gouvernement chinois avait en effet octroyé des matériels militaires importants notamment d’armements et de munitions, mais aussi de transports et fournit diverses formations au personnel militaire.

Cérémonie officielle de dons de drones avec le Général de Brigade Fructueux GBAGUIDI, Chef d’État-Major Général des Forces Armées Béninoises et l’Ambassadeur de la Chine au Bénin

La question de la dette

À l’instar des relations diplomatiques entretenues par la Chine en Afrique, la question de la dette est un aspect important des relations sino-béninoises. Depuis la mise en place de la BRI, la Chine n’a cessé de financer des projets de développement et d’octroyer des prêts ce qui a entraîné une augmentation significative de la dette extérieure du Bénin. Selon le Fonds monétaire international, la dette extérieure du Bénin a atteint environ 4,5 milliards de dollars en 2020, dont environ 30% sont détenus par la Chine. Or, l’octroi de prêts est un des leviers d’action de la Chine qui le fait à des taux d’intérêts très compétitifs et des conditions de remboursement favorables. Cependant, ces prêts peuvent parfois être accompagnés d’un risque de surendettement pour les pays africains.

Ainsi, dans un contexte où le développement des pays africains est souvent hypothéqué par le poids de la dette, la Chine n’hésite pas à procéder au report de remboursement ou, comme cela à été le cas avec le Bénin ce 14 janvier 2023, à l’annulation partielle de la dette. En effet, c’est au cours de la tournée africaine du ministre des Affaires Étrangères chinois nouvellement élu, Qin Gang, que les deux pays ont procédé à la signature d’un protocole d’accord sur l’annulation partielle de la dette du Bénin. Bien qu’aucun montant n’ait été dévoilé, Pékin entend à travers cet acte, prouver l’importance de la coopération entre les pays pour relever les défis communs tels que le développement économique. Rappelons que la Chine est régulièrement taxée par les Occidentaux de faire usage d’un piège de la dette qui affecterait le développement économique des pays africains. En ce sens, elle avait déjà procédé en août 2022 à l’annulation de 23 prêts sans intérêts accordés à une dizaine de pays africains et s’est montrée en faveur du plan d’allègement de la dette du G20.

Rencontre entre le Ministre chinois des affaires étrangères, Qin Gang et le Président béninois Patrice Talon au Bénin. Les deux parties ont procédé à la signature d’un accord sur l’annulation partielle de la dette. – Agence ecofin, 17 janvier 2023

Le Bénin offre une porte d’entrée stratégique pour la Chine en Afrique de l’Ouest et constitue un partenaire important pour les nouvelles routes de la soie. En retour, la Chine contribue au développement économique et social du Bénin grâce à ses investissements et à sa coopération dans divers domaines. Le Bénin dispose d’un potentiel énorme en termes de ressources naturelles, d’infrastructures et de développement économique, tandis que la Chine est un leader mondial dans de nombreux secteurs clés. Il est important que cette coopération soit fondée sur des principes de transparence, d’équité et de développement durable. Ainsi, le Bénin doit continuer à renforcer ses capacités pour tirer pleinement parti de cette coopération avec la Chine, tout en veillant à ce que les investissements chinois bénéficient également aux populations locales. En outre, la Chine doit continuer à respecter les normes sociales, environnementales et de gouvernance pour garantir une coopération mutuellement bénéfique et durable.

Dans l’ensemble, l’avenir de la coopération entre le Bénin et la Chine est prometteur. Les deux pays ont beaucoup à offrir l’un à l’autre, et il est important qu’ils travaillent ensemble de manière constructive pour réaliser leur potentiel commun. Avec une coopération mutuellement bénéfique et durable, le Bénin et la Chine peuvent ouvrir la voie à une coopération Sud-Sud plus forte.

« La particularité ici c’est qu’il s’agit d’un partenariat du Sud, donc d’une coopération sud-sud, fondée non sur le paternalisme ou une quelconque suprématie mais une coopération basée sur l’amitié, l’égalité, le respect et des avantages mutuels. C’est également une coopération qui ne tient pas compte de l’orientation politique. » Mariam Diallo, ex-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin (2006-2007) sur la coopération sino-béninoise.


Par Raïnath Sylla, Analyste stagiaire Afrique de l’Ouest