La Chine a utilisé la finance verte comme stratégie majeure pour soutenir une transition bas carbone. Ce faisant, la Chine est devenue l’un des plus grands marchés mondial pour la finance verte et est devenu le plus grand investisseur mondial dans les énergies renouvelables. Dans le même temps, le système financier chinois est également la source de plus de la moitié du financement mondial du charbon. Après l’ accord sur le climat de 2014 entre le président Xi Jinping et le président Barack Obama parallèlement à la ratification consécutive de l’accord de Paris, la Chine se considère comme un acteur de premier plan dans l’action climatique mondiale et la gouvernance.

Pour surmonter cette dichotomie, le financement vert doit passer d’une niche à l’écologisation du système financier dans son ensemble. Si une telle approche et une telle stratégie intégrées pour le système financier font encore défaut en Chine, de nombreux autres pays en développement peuvent tirer des enseignements de la transition de la Chine vers une économie à faible intensité carbone. Cela arrive à point nommé, car la Chine continue de soutenir le bilatéralisme climatique et la coopération environnementale Sud-Sud dans le cadre de l’initiative la Ceinture et la Route (ICR – BRI).

Pourquoi le Népal devrait-il verdir son système financier ?

Le Népal a un besoin immédiat d’écologiser son système financier dans un contexte de vulnérabilité climatique croissante et de nécessité pour tous les pays de réduire leurs émissions de carbone.

Premièrement, le système financier népalais est dominé par les banques, dont la plupart des actifs sont investis dans des secteurs non traditionnels tels que l’agriculture, la construction et l’immobilier. Cela continue d’exposer le système financier à des risques environnementaux et climatiques élevés. Selon l’indice mondial de vulnérabilité climatique 2020, le Népal est classé au 9e rang des pays les plus vulnérables au changement climatique dans le monde. En outre, les banques népalaises ont des connaissances limitées en matière de calcul des risques environnementaux, ce qui rend leurs investissements très risqués. Par conséquent, le Népal doit accroître la résilience de son système économique et financier non seulement en intégrant les risques environnementaux et climatiques à long terme, mais aussi en protégeant les investissements actuels grâce à des régimes d’assurance écologiques innovants.

Deuxièmement, le Népal doit encore reconnaître l’intérêt commercial du financement vert et utiliser les investissements du secteur privé. Actuellement, le gouvernement népalais dispose d’un cadre pour catalyser les financements publics en faveur du changement climatique dans le contexte plus large du développement économique et du processus de planification fiscale du gouvernement. Cependant, l’écologisation du système financier fournirait les incitations nécessaires à l’augmentation des investissements du secteur privé dans les secteurs verts tels que les énergies renouvelables. Cela permettrait également de diversifier le portefeuille des banques et de réduire les risques en conséquence. Selon une étude de la Société financière internationale (SFI), cela ouvrirait un potentiel d’investissement de 46,1 milliards de $ d’ici 2030, que le secteur privé, y compris les banques multilatérales de développement (BMD), les institutions financières locales et régionales peuvent exploiter (voir figure 1).

Détails des investissements verts du Népal pour la période 2018-2030

Enfin, le Népal a de bonnes raisons politiques de rendre son système financier plus vert. Le tremblement de terre dévastateur de 2015, suivi par la crise du blocus économique, a mis en évidence la nécessité pour le Népal de réduire sa dépendance énergétique à l’étranger. En 2017, Katmandou a été classée septième ville la plus polluée au monde. Cela a entraîné une augmentation du coût socio-économique, les citoyens étant de plus en plus frustrés par les actions du gouvernement. Cela signifie que le Népal doit penser à long terme, réaliser son potentiel en matière de production d’hydroélectricité et d’énergie renouvelable, et démontrer les avantages financiers de l’investissement dans des projets verts.

Recommandations : Comment la Chine peut-elle aider le Népal à rendre son système financier plus vert ?

Selon le Sustainable Banking Network (SBN), le Népal progresse dans le développement de son système financier vert et est passé du stade de la “préparation” à celui de la “mise en œuvre” ces dernières années. La force motrice de cette évolution a été l’adoption par la banque centrale du Népal, en 2018, des “Directives sur la gestion des risques environnementaux et sociaux pour les banques et les institutions financières”. En revanche, la Chine est considérée comme un pionnier parmi ses pairs au sein de la SBN.

L’alignement stratégique, le climat et le financement vert, et l’intégration des facteurs ESG sont les trois piliers définis par le réseau de banques durables. Le Népal dispose d’une marge d’amélioration particulière en matière d’alignement stratégique, parallèlement au financement climatique et vert.

Dans le cadre de l’alignement stratégique, le cadre actuel du Népal implique une collaboration inter-agences entre les superviseurs/régulateurs financiers, les associations industrielles et les institutions financières (IF). Toutefois, cette collaboration n’inclut pas d’autres agences publiques telles que les agences et les ministères de l’environnement aux côtés de représentants de la société civile tels que les ONG, les associations et les médias.

En conséquence, le Népal peut mettre en place un groupe de travail sur le financement vert, similaire au groupe de travail sur le financement vert de la Chine. Cette Task Force invite des experts des ministères, des régulateurs financiers, des universitaires, des banques et d’autres institutions financières, et est complétée par des experts internationaux. En Chine, le groupe de travail a été créé en 2014 pour aider le gouvernement central à identifier les obstacles et les opportunités dans le domaine du financement vert, et pour faire des recommandations concrètes sur les politiques de financement vert. Leurs recommandations ont constitué une partie essentielle du document politique “Guidelines for Establishing the Green Financial System” de 2016, qui a déclenché un développement rapide du financement vert en Chine. Pour le Népal, il est logique de mettre en place un groupe de travail similaire réunissant des experts de toute l’industrie pour concevoir un système financier vert qui vienne directement du Népal.

Il est également de la plus haute importance pour le Népal d’intensifier ses rapports sur le climat et les investissements verts, parallèlement à la mesure des avantages environnementaux et de l’exposition aux risques climatiques. Actuellement, le Népal exige des IF qu’elles rendent compte des flux de financement climatique et vert en même temps qu’elles rendent compte publiquement de leurs activités de financement vert. Toutefois, le cadre n’exige pas des IF qu’elles rendent compte de l’exposition au risque climatique au niveau du portefeuille. Il ne prévoit pas non plus que les politiques, les pratiques et les résultats en matière d’environnement et de sécurité soient vérifiés de manière externe au moyen d’assurances et d’examens indépendants. Le Népal n’exige pas non plus que les IF calculent les avantages environnementaux de leurs investissements, ni qu’elles évaluent leur exposition au risque climatique. Parallèlement à une mise à jour systématique du cadre népalais, les banques népalaises disposent d’une grande marge de manœuvre pour renforcer leurs capacités en matière de méthodologies d’exposition aux risques climatiques, telles que l’analyse des scénarios climatiques et les tests de résistance aux risques climatiques. En effet, les banques jouent un rôle clé dans “l’évaluation des risques, l’octroi de prêts et la souscription d’émissions d’actions et de dettes”.

L’adhésion du Népal au Sustainable Banking Network permet d’accéder à des experts internationaux et chinois en matière de finance verte. Les institutions financières, les établissements universitaires, les banques et les ONG népalaises peuvent bénéficier d’une assistance technique directe de la Chine et du reste du monde. Parmi les principales organisations figurent la SFI, la Banque mondiale et les principales universités. En outre, un canal bilatéral entre la Chine et le Népal peut jouer un rôle clé dans le transfert de connaissances et le renforcement des capacités du Népal à tirer les leçons de l’expérience chinoise en matière de financement vert. Une initiative particulièrement prometteuse à cet égard est le programme de leadership en matière de finances vertes pour l’initiative la Ceinture et la Route ( ICR – BRI), dirigé par l’université de Tsinghua. Le programme se concentre sur l’assistance technique en matière de financement vert de la part des régulateurs du système financier chinois aux pays en développement.

Ces recommandations ne feront que préparer le terrain pour que le Népal continue à écologiser son système financier. Il est important de reconnaître que l’écologisation du système financier est un processus long et complexe et qu’il nécessite des canaux d’investissement spécialisés, un soutien fiscal et financier, une infrastructure financière, ainsi que l’infrastructure juridique nécessaire pour aller de l’avant. Cela nécessite également l’écologisation des marchés des capitaux et des assurances, le renforcement des capacités d’innovation avec la structure financière du Népal et l’identification des avantages à portée de main dans la finance verte. Dans ce contexte, les enseignements tirés de l’écologisation du système financier par la Chine peuvent apporter de nombreux avantages au Népal.

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