Le lancement de la pose des voies ferrées fin mars a mis en valeur la forte relation bilatérale entre la Chine et le Laos. La semaine dernière, la Chine et le Laos ont commencé à poser les voies ferrées dans le cadre du projet ferroviaire Chine-Laos, qui devrait être le chemin de fer le plus long en Asie (hors Chine).

C’est une étape importante qui annonce le développement de projet d’infrastructure clé au sein d’une relation bilatérale en croissance ces dernières années.

La relation diplomatique entre la Chine et le Laos a été établie en 1961, mais les tensions ont persisté pendant la guerre froide, avant une amélioration dans les années 90, puis qui s’est élevée au niveau d’un partenariat stratégique signé en 2009.

Toutefois, des défis persistent, par exemple un certain mécontentement local à l’égard de certains projets d’infrastructure chinois labellisés « BRI » ou les inquiétudes de voir Vientiane trop dépendre stratégiquement de Pékin.

Ce n’est un secret pour personne que les infrastructures routières et ferroviaires émergentes, désormais soutenues par la BRI, relient prioritairement plusieurs zones économiques spéciales (ZES) soutenues par la Chine, avec la zone de coopération économique de Mohan-Boten à la frontière sino-laotienne en tant que principale passerelle au Laos. Tout en se lamentant de l’empiètement chinois sur l’économie locale avec toutes ses implications négatives, beaucoup ont souligné en même temps les nombreuses opportunités que le marché chinois a à offrir.

Ce projet vise à construire une ligne ferroviaire, d’une longueur de 414 km, dont 198 km de tunnels et 62 km de ponts, depuis Boten, une ville au Nord du Laos qui se trouve à la frontière avec la Chine, et se termine à Vientiane. Conçue pour accueillir des trains roulant à 160 km/h, cette liaison fait partie de l’initiative la ceinture et la route (OCR ou BRI) lancée par la Chine et qui envisage de transformer le Laos. L’objectif est de le sortir de son enclavement géographique. La construction a débuté en 2016 et est prévue d’être achevée d’ici 2021.

Le projet a vu des progrès en 2020 avec des développements majeurs, au moment du 65ème anniversaire du parti au pouvoir, le Parti révolutionnaire populaire lao (PRPL). Aussi, le déroulement des travaux ont été légèrement impacté par la pandémie mondiale de COVID-19, poussant les travailleurs chinois à retourner au pays.

La semaine dernière, le projet a été, encore une fois, au centre de toutes les attentions lorsque l’on a commencé à poser les voies ferrées à Vientiane, marquant une autre étape cruciale du projet.

Selon l’agence de presse officielle chinoise Xinhua, un rail en acier d’une longueur de 500m a été posé à la périphérie de Vientiane à 10h30 le matin du 27 mars. C’est la première fois que la machine de pose des voies CYP500 a été utilisée dans la construction ferroviaire en Asie du Sud-Est, ce qui permet de poser les voies d’une longueur de 2km par jour au lieu de 1.5km auparavant.

Sans surprise, la Laos-China Railway Co. Ltd (LCRC), une entreprise basée à Vientiane et chargée de la construction et de l’opération future de ce chemin de fer, est ainsi plus optimiste que toujours, en annonçant que le projet sera achevé comme prévu en 2021.

La BRI ne doit pas être comprise unilatéralement comme une puissante campagne chinoise opérant dans l’espace vide et la frontière passive d’un État laotien faible. Au contraire, son plein déroulement est médiatisé de manière centrale par la logique de l’appareil d’État laotien et repris différemment dans une société de plus en plus stratifiée.

Par Huanran Yang