Kamchik – La route de la soie terrestre traverse toute l’Asie Centrale et fait d’elle une des principales régions des investissements chinois. La région dispose de nombreuses ressources précieuses, principalement de vastes réserves d’hydrocarbures. Étant située au centre du continent eurasien, la région joue un rôle important dans le maintien de la sécurité et de la stabilité d’une partie du continent. L’Asie Centrale reste cependant une région hétérogène en termes de développement économique et de situation environnementale. Afin de pouvoir accueillir ce projet des nouvelles routes de la soie, les aménagements des infrastructures sont tout de même nécessaires.
De manière à accompagner au mieux ce projet les pays de la région signent les conventions et protocoles de coopération avec la Chine, c’est notamment le cas de l’Ouzbékistan. Le pays le plus peuplé de l’Asie Centrale joue certainement un rôle important dans cette initiative vue sa position géographique. Ainsi ce projet engendre le développement des infrastructures de transport permettant à l’Ouzbékistan de s’ouvrir à l’Asie Centrale et au reste du monde. Suite à ces conventions de coopération, le projet de la construction du plus grand tunnel de l’Asie Centrale, selon le représentant de l’Uzbekistan Temir Yollari[1] a vu le jour.
En premier lieu, en 2013, a été publiée la résolution du président de l’Ouzbékistan, Islam Karimov sur la construction de la route ferroviaire électrifiée Angren-Pap. Par conséquent des travaux de grande envergure ont été lancés pour la construction de ce chemin de fer de 123,1 km, et dans le cadre de ce grand projet il était nécessaire de construire ce tunnel de 19,2 km.
Le tunnel ferroviaire situé dans le col de Kamchik[2], qui donne son nom au tunnel, se trouve sur la ligne de chemin de fer Angren-Pap reliant la vallée de Ferghana au reste de l’Ouzbékistan ainsi qu’au système de chemins de fer du Kirghizistan et de la Chine. Le but de la construction de ce tunnel est premièrement de mener à bien la création d’un réseau ferroviaire unifié en Ouzbékistan, ensuite assurer le transport de marchandises en contournant le Tadjikistan, ce qui permet d’économiser du temps et d’importantes ressources financières.
En effet les déplacements, le transport de fret dans cette direction ont toujours été difficiles, il était indispensable de franchir les montagnes en voiture. Les habitants de l’Ouzbékistan pour aller de Tachkent à Ferghana devaient passer par un pays voisin ce qui augmentait la distance. Avant l’achèvement du tunnel, la distance entre les deux régions était plus longue de 150 km. Grâce à ce projet aujourd’hui, de Tachkent à Fergana il faut compter environ 3h de route contrairement à 9h auparavant.
En raison de la structure géologique et des conditions environnementales complexes (la puissance de l’effondrement et de l’affaissement des roches atteignait 7 à 8 mètres) de nombreuses sociétés européennes et américaines réputées ont refusé de participer au projet à un stade précoce. C’est donc la société chinoise China Railway Tunnel Group, grâce à sa grande expérience dans ce domaine, qui accepte d’entreprendre la construction de ce tunnel d’une valeur de 445 millions de dollars. Pour la construction du plus long tunnel ferroviaire en Asie Centrale, la Chine et l’Ouzbékistan ont mis 3 ans d’efforts conjoints. Le tunnel a été construit en 900 jours soit 100 jours avant la fin prévue, en établissant ainsi le record parmi les entreprises chinoises pour la construction de tunnels à l’étranger. Il occupe la 8ème place dans le monde selon la complexité des travaux de construction, la 30ème position au monde et la première en CEI (Communauté des États indépendants) selon l’étendue. Le chef du chantier de China Railway Tunnel Group indiquait qu’au cours du projet, ils ont été confrontés à trois effondrements de grande échelle. En outre, les conditions climatiques n’étaient pas très favorables à la construction, notamment dans la région où la construction a été réalisée, l’hiver est très long. De novembre à mars, les travaux ont été effectués par temps froid, la température la plus basse a atteint -43°, avec naturellement beaucoup de neige.
À l’issue de la construction du tunnel, le 22 juin 2016, le président de la République populaire de Chine Xi Jinping et le président de la république d’Ouzbékistan Islam Karimov ont salué l’inauguration du tunnel à Tachkent. Les chefs des deux Etats ont appuyé sur le bouton de feu permettant au premier train d’Ozbekiston, composé d’une locomotive électrique et de 4 voitures, de traverser le tunnel de Kamchik. Le train a traversé le tunnel de 19,2 km en 16 minutes et 30 secondes, annonçant ainsi la mise en service de la ligne de chemin de fer électrifiée Angren-Pap. Selon le président chinois la réalisation de ce projet est le signe d’une étroite amitié entre les deux peuples. À cette occasion, le président Karimov a exprimé sa gratitude envers la Chine pour le soutien et l’assistance fournis au peuple ouzbek au fil des années.
À l’avenir, le nouveau tunnel permettra à l’Ouzbékistan de développer des partenariats non seulement avec les États d’Asie centrale et la Chine mais également avec les pays de l’Union européenne. Grâce à la ligne ferroviaire Angren-Pap et grâce au tunnel de Kamchik, les coûts d’expédition et les délais de livraison seront réduits. Par ailleurs, l’infrastructure associée sera développée et engendrera la création de l’emploi. La construction de ce tunnel ferroviaire représente donc un grand pas vers le développement économique de l’Ouzbékistan. Les deux pays souhaitent renforcer leur coopération et constamment améliorer la connectivité des infrastructures de la région. L’Ouzbékistan étant le lien central reliant l’Asie à l’Europe, son développement et ses nouvelles infrastructures joueront un rôle important dans l’Initiative de la Ceinture et de la Route.
[1] Kamchik est un col de montagne situé à l’est de l’Ouzbékistan, au nord de la frontière avec le Kirghizistan au sud avec le Tadjikistan.
[2] Compagnie ferroviaire nationale de l’Ouzbékistan
Sources :