Par Madina Tsoroeva

Le projet de nouvelles routes de la soie est évoqué pour la première fois par Xi Jinping au Kazakhstan. Ce choix n’est pas anodin, il est naturel que ce soit le pays phare de l’Asie Centrale pour cette initiative. En effet, c’est à travers le Kazakhstan que les voies ferrées chinoises passent en faisant de ce pays une porte d’entrée vers l’Europe. Le port sec de Khorgos joue un rôle clé de par sa position géographique, à la frontière avec la Chine, dans la Belt and Road Initiative (BRI), l’initiative « La Ceinture et la Route » en français.khorgos

Khorgos, situé entre Almaty et Urumqi, était vu jusqu’à 2010 comme l’endroit le plus éloigné géographiquement de l’Asie Centrale : un espace vide, sans rue, sans voie ferroviaire et sans électricité. En l’espace de 8 ans, Khorgos est devenu un véritable port d’une valeur de 250 millions de dollars. Deux grandes grues sont mises en place et programmées pour gérer les conteneurs et s’adapter aux deux systèmes ferroviaires différents, car le Kazakhstan garde le schéma soviétique des chemins de fer.

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Un port sec est par définition une plateforme logistique destinée à accueillir des trains de marchandises vers des destinations à l’intérieur des terres. Pourquoi construire un port sec dans cet endroit désert entourée des montagnes ? L’objectif est de connecter la Chine à l’Asie Centrale et à l’Europe afin de créer un commerce plus dynamique et plus bénéfique pour toutes les parties. Khorgos a pour but de devenir une porte d’accès à l’Eurasie et d’être le nœud principal des routes commerciales. Le chemin de fer serait un moyen plus rapide que la mer et moins cher que l’air. Si par la mer la livraison monte à 50 jours, à travers Khorgos la livraison de marchandises prendra 14 jours.

Le port sec fait partie de la zone économique SEZ (zone douanière libre) “Khorgos – Eastern Gate” du Kazakhstan, par conséquent il appartient au gouvernement kazakh qui s’investit dans ce projet et souhaite le développer. Cependant un accord d’investissement a été signé entre Kazakhstan Temir Joly[1], la société COSCO Shipping[2] et le port de Lianyungang[3] autour d’un développement commun de la zone économique de Khorgos. Les investisseurs chinois achèteront conjointement une participation de 49% dans le port sec de Khorgos. La Chine promet d’investir des centaines de milliers de dollars dans cette zone économique en la transformant en un hub industriel et logistique.

De plus la ville de Nurkent (nommé après le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev), a été construite à cet effet pour les travailleurs et leur famille. Les gens sont attirés par le salaire et le logement gratuit, 200 personnes travaillent actuellement dans le port. La ville a la capacité d’accueillir 100 000 habitants mais en compte seulement 3000 habitants à l’heure actuelle.

Progressivement, le port prend de l’ampleur. En effet les premières marchandises sont arrivées au Khorgos en juin 2015 avec 30 wagons, depuis la longueur de trains se multiplie allant jusqu’à un kilomètre de longueur. Plus de 70 000 conteneurs ont été traités via le port sec de Khorgos au cours de sa première année d’exploitation et d’ici 2020, le chiffre va augmenter jusqu’à 500 000 conteneurs, d’après son premier PDG Karl Gheysen. Ces marchandises sont de différentes natures : vêtements, meubles, jouets pour enfants ainsi que des voitures, de l’équipement, des ordinateurs en provenance de la Chine, la Corée du Sud et le Japon. En revanche le PDG actuel du « Khorgos Gateway », Jaslan Hamzin annonce que le port n’a pas l’intention de s’arrêter à ce type de marchandises. Cette année sont apparus les équipements de réfrigération dans entrepôts et le contrôle de la température pour les produits périssables a été lancé. Ainsi avec la montée en puissance des nouvelles technologies le problème de livraison de produits périssables peut être résolu. Grâce à ces entrepôts, le port sera en mesure de stocker et de respecter le régime de température nécessaire pour la distribution de marchandises fraîches. Durant la première phase il y aura environ 10 000 tonnes de fruits d’après Monsieur Hamzin.

Par ailleurs, à la frontière entre la Chine et le Kazakhstan, une zone de libre-échange a été construite et le Centre International de Coopération Transfrontalière a été inauguré. Cependant les deux côtés ne sont pas égaux, la partie chinoise est beaucoup plus développée avec plusieurs centres commerciaux.

Le port a été construit en une courte période de 8 ans. Malgré le fait que le port manque d’investissements, ce projet a un fort potentiel notamment grâce aux possibles investissements privés.

Tout compte fait, la BRI est encore vu comme étant un projet risqué et qui entraînerait des retombées moins importantes que ses investissements. Néanmoins vu la vitesse à laquelle ce projet se développe, on ne peut nier que le moyen de transport de marchandises mis en place est plus rapide que la voie maritime et qu’il se développe de plus en plus. En dépit de toutes préoccupations vis-à-vis de ce projet il crée pourtant de l’emploi et suscite un grand intérêt non seulement de la Chine et du Kazakhstan mais d’autres pays également. Kazakhstan, allié de la Chine dans ce grand projet de nouvelles routes de la soie, croit en ce projet et espère que Khorgos va en devenir le cœur.

Sitographie :

Image1 :https://www.courrierinternational.com/grand-format/chine-route-de-la-soie-la-mondialisation-selon-xi-jinping#&gid=1&pid=1

Image2 : http://www.sezkhorgos.kz/photos/2

[1] La société nationale des chemins de fer du Kazakhstan

[2] Le plus grand opérateur maritime et fournisseur de services logistiques au monde. La société exploite plus de 300 lignes maritimes internationales et nationales, reliant 254 ports maritimes dans 79 pays

[3] Situé au nord-est de la province de Jiangsu en Chine