Interview de Beatrice Matiri-Maisori, maître de conférences en commerce et affaires internationales à l’université Riara et directrice générale d’une société de conseil locale, a fait ces remarques à l’occasion d’un entretien avec Xinhua.

“L’élan de croissance économique post-pandémique en Chine est une source d’inspiration pour les pays africains. Cela les encourage à retrouver également le chemin de la croissance après la pandémie de Covid-19.” 

“La Chine s’est relevée de la crise du coronavirus, et nous constatons une stabilité. C’est faisable, l’Afrique peut aussi y arriver. Donc, quelles leçons les pays africains peuvent-ils tirer de la croissance stabilisée de la Chine ? ”, a-t-elle déclaré. “Les nations africaines doivent faire face à leur situation et à leur réalité particulière, car l’un des facteurs de réussite du géant asiatique est la compréhension de ses réalités.”

“En matière de gestion de la crise sanitaire et de reprise économique post-pandémique en Chine, l’usage de la technologie est une importante leçon à tirer pour l’Afrique”, a déclaré Beatrice Matiri-Maisori, faisant référence aux robots de patrouilles déployés en Chine pour relever les températures corporelles, et au système de positionnement (GPS) pour surveiller les endroits bondés.

Selon Matiri-Maisori, la Chine est un bon exemple, surtout pour l’Afrique qui compte de nombreuses zones surpeuplées où les experts en première ligne font constamment face à de nombreuses difficultés.

“La technologie est une pièce clé dont la Chine s’est servie pour combattre la pandémie, notamment en surveillant les mouvements de la population. De nombreux pays africains n’ont pas suffisamment eu recours aux technologies pour lutter contre le virus. L’Afrique peut assurément envisager cette solution à l’avenir”, a déclaré Matiri-Maisori.

“La Chine, est très branchée numérique, en particulier sur la téléphonie mobile. Les africains peuvent tirer parti du numérique en matière de forte pénétration du téléphone mobile, d’apprentissage en ligne (e-learning), de divertissement en ligne, de e-commerce et de e-santé”, a dit Matiri-Maisori.

L’empire du milieu a élaboré des plans de relance économique pour soutenir les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) africaines. Selon Matiri-Maisori, cette initiative peut fonctionner.

“Certains pays africains, comme le Kenya, ont accueilli à bras ouverts les fonds chinois et peuvent offrir un allègement fiscal aux organisations qui ont contribué à alléger l’impact de la COVID-19”, a-t-elle déclaré.

Elle a indiqué que la coopération sino-africaine se déploie à différents niveaux dans des domaines vastes. Le Forum sur la coopération sino-africaine (Focac, pour l’acronyme anglais), a souligné le renforcement en priorité de la collaboration sino-africaine dans huit domaines clés : promotion industrielle, connectivité des infrastructures, facilitation des échanges commerciaux, développement écologique, renforcement des capacités, santé, échanges humains, paix et sécurité.

“Le déficit d’infrastructures en Afrique est un des domaines prioritaires de la coopération. La Chine est le plus grand bailleur de fonds des infrastructures africaines (les routes, les ports et les chemins de fer)”, confirme la conférencière.

La connectivité croissante est vitale pour l’Afrique, elle favorise le libre-échange et stimule l’innovation sur le continent.

“Ce libre-échange, c’est l’occasion pour l’Afrique d’échanger des produits avec le monde asiatique et les pays d’Europe de l’Est, l’initiative “Belt and Road” jouant un rôle de catalyseur. Dorénavant, nous observerons un accroissement des activités dans la zone océan Indien, on parle ici de capacités industrielles croissantes dans de nombreux pays africains et d’une augmentation des expéditions en provenance du pays asiatique”, a-t-elle déclaré.

Matiri-Maisori a observé que la présence chinoise apporte de nombreux avantages sur le continent africain.

“Les relations sino-africaines offrent à l’Afrique des opportunités de développement industriel en termes de valeur ajoutée aux produits tels que le cuir et les textiles”, a-t-elle déclaré.

Selon la conférencière, la Chine comprend l’ambition du continent africain d’accélérer son développement.

“En 2015, l’Afrique a élaboré son agenda 2063, qui liste les projets phares de développement que les Africains aimeraient voir mis en œuvre au plus tôt. Et la Chine, en tant que partenaire de développement de l’Afrique, a pris des mesures en vue de mieux comprendre la réalité du continent et de combler les besoins de financement”.

En tant que consultante en investissement, Beatrice Matiri-Maisori a affirmé qu’il existe de nombreuses opportunités pour les investisseurs chinois en Afrique, allant de l’industrie légère à l’industrie pharmaceutique en passant par la santé et les infrastructures.

“En cette période de COVID-19, des lacunes en matière de fournitures médicales utilisées dans les infrastructures de santé et dans la fabrication de médicaments et de produits pharmaceutiques, ont été constatées. La Chine peut combler ce manque”, a-t-elle déclaré.

Elle a ajouté qu’il y a un grand changement dans l’industrie manufacturière, notamment du côté des entreprises chinoises qui fabriquent des produits en Afrique.

“La plupart des tuiles et autres produits chinois sont conçus en Afrique par des fabricants chinois. Pour l’Afrique et la Chine, c’est l’occasion non seulement de mettre à profit des années de recherche pour créer des industries, mais aussi d’encourager la commercialisation des connaissances et savoir-faire des laboratoires et de nos universités”.